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Introduction à l'éveil artistique et culturel

Sophie Marinopoulos, psychanalyste et experte de l'enfance et de la famille, parle de "malnutrition culturelle" et de "Santé Culturelle" dans le dernier protocole d'accord interministériel publié en janvier 2019.

Mais l'éveil artistique et culturel, c'est quoi ?



La question de l’Éveil Culturel et Artistique (ECA) des tout-petits est traitée depuis plusieurs années. En 1989, un premier protocole d’accord interministériel paraît. Ce protocole visait à mettre en place une politique axée sur l’aide des formations des professionnels du secteur et le soutien des actions d’éveil culturel et artistique dans les lieux d’accueil de la petite enfance.


En février 2017, un nouveau texte cadre national en faveur de l’accueil du tout-petit est promulgué. L’engagement est établi sur la rencontre entre les tout-petits, les oeuvres originales et les artistes, sur l’émotion esthétique, l’expérience sensorielle et la formation à cette sensibilité.


Un deuxième protocole d’accord interministériel est promu en mars 2017, soit vingt-huit ans après le premier. Celui-ci entend développer l’éveil culturel et artistique auprès du ministère de la Petite Enfance, améliorer la question de la petite enfance auprès du ministère de la Culture et de la Communication, former les professionnels du domaine et des institutions culturelles et accompagner les projets menés par les espaces culturels ou les artistes.


Deux ans plus tard, Sophie Marinopoulos rédige en janvier 2019 le rapport suivant : « Une stratégie nationale pour la Santé Culturelle. Promouvoir et pérenniser l’éveil culturel et artistique de l’enfant de la naissance à 3 ans dans le lien à son parent [ECA-LEP]. »


L’ECA est dès lors posé, depuis plus de trente ans.



" La culture pour tous ne se décrète pas ; elle se vit, s’inscrit dans le quotidien des familles. Un pari majeur pour notre société, qui doit prendre appui sur les parents, premiers interlocuteurs de l’enfant. " Sophie Marinopoulos



Le tout-petit et l'éveil


Marie-Odile Némoz-Rigaud a été psychologue en crèche à Bordeaux et a coordonné pendant vingt ans, au sein du service de PMI du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, le secteur petite enfance. C’est en 2001 qu’elle a commencé à introduire les résidences d’artistes dans les crèches lorsqu’elle est devenue responsable du pôle éveil, éducation et médiations culturelles du département. Selon elle, « les adultes qui les accompagnent sont des passeurs de culture pour les tout-petits. »


Un tout-petit, de sa naissance à deux ans, est dans une période dite « de l’intelligence sensori-motrice » ; c’est-à-dire qu’il utilise ses sens et ses capacités motrices pour explorer l’environnement. Puis, de deux ans à trois ans, il ne maîtrise pas bien ses mouvements mais il a la capacité de comprendre le « moi ».


Quand on s’adresse à lui on fait appel aux sens, à la ludicité, à l’imaginaire, et surtout à l’interaction. La sensibilisation des jeunes enfants aux sorties culturelles enrichirait leur curiosité et leur épanouissement. En conséquence, il améliorerait plus facilement son éveil sensible et son expression.


Dès le XVIIIème siècle, Jean- Jacques Rousseau se penche sur la définition du terme « éveil » chez l’enfant. Pour lui, l’éducation sensori-motrice est essentielle dans leur développement. « Préparer l’individu à sa vie de citoyen en formant son corps, son intelligence et son coeur par la découverte du monde naturel, puis de la culture et de la société humaine ».


Comment cet éveil se stimule-t-il ? Avec qui ? Où et quand ? Quelle est la place des professionnels et des parents ?






Renforcer les liens


Le constat initial est qu’il existe une envie collective de développer l’ECA-LEP en faveur de la petite enfance, mais celle-ci reste alambiquée. C’est ce qui engendre cet écart entre ce qui est préconisé et ce qui est réellement mis en place.


La première préconisation souhaite que l’ECA soit reconnu par les pouvoirs publics comme un axe de santé à part entière. Il y a un devoir de sensibiliser la population à l’ECA, faisant partie intégrante des besoins de l’enfant puisque « l’éveil préexiste à l’éducation ». La « malnutrition culturelle » est invisible, mais ce manque impacte considérablement le développement du bébé. La société actuelle étant celle de l’hyperconsommation et l’accumulation, les enfants perdent le contact avec la nature, les rencontres et les rapports humains. Ces expériences sont basées sur l’affect, l’émotion, la motricité ou encore la sensorialité.


Le tout-petit doit être libre, psychiquement et corporellement : « le corps est pensé, et la pensée est corporelle ». L’un ne peut être séparé de l’autre. Un des arguments en faveur de l’ECA-LEP souligne l’expérience entre parents et enfant, qui va venir renforcer leur lien.







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